Les premiers réfugiés du nord et de l’est de la France ont commencé à arriver dès 1939, mais le mouvement de grande ampleur a lieu durant le second trimestre 1940.
Ces arrivées massives mobilisent la population pour loger et nourrir ces compatriotes qui pour la plupart repartiront assez rapidement. Quelques uns cependant s’installent pour plusieurs années.
Les troupes allemandes arrivent en juin 1940 et font rapidement l’inventaire des possibilités de logement. L’école est réquisitionnée ainsi que des chambres ou des bâtiments agricoles. La présence des occupants, certes désagréable, particulièrement pour ceux qui hébergent des soldats ou leurs matériels, ne se passe pas trop mal.. Un officier allemand qui avait trop bu et fait du scandale aurait reçu la pire des sanctions :être envoyé sur le front russe.
Madame ROUILLON qui tient l’épicerie–café–bureau de poste, dite « madame Café-Poste » par ses clients militaires, doit bien surveiller les chapardeurs. Il arrive qu’à l’occasion d’un mariage les soldats s’associent à la fête en tirant des coups de fusil en l’air selon la pratique traditionnelle. En retour ils auront de la galette et un coup de vin blanc. Mais la fraternisation occasionnelle ne se fait guère qu’à la cave …entre paysans.
La défaite transforme les hommes mobilisés en 1939 en prisonniers. A Saint-Aubin il y en aura 14 : 11 passeront cinq ans en Allemagne, dont un jusqu'en Prusse orientale (actuelle Pologne), il sera libéré dans un contexte périlleux par les Soviétiques et reviendra par le port d'Odessa.
Il y a de nombreux mouvements de troupe, parfois de très jeunes gens ; on y comptait de nombreux polonais. L’intendance était assurée par les services de l’état-major de la 158e division d’infanterie de réserve installé début 1943 dans le village voisin de Sainte Gemme la Plaine .Il y eut jusqu’à 200 soldats présents, mais le plus souvent beaucoup moins
Outre les périodes de manœuvre, les soldats assuraient des opérations de surveillance ou plus simplement d’intendance par exemple veiller sur les nombreuses réquisitions (fourrage, paille chevaux de trait, céréales, beurre, œufs, légumes, …)qu’il fallait livrer en charrette généralement à la gare de Luçon.
Un petit observatoire en bois dont l’accès final se faisait par une échelle, avait été bâti sur le clocher, d’où la vue est très dégagée jusqu’à la côte. Un soldat équipé d’une lunette monoculaire à poste fixe surveillait l’horizon à longueur de journée.
Les nécessités de défense des côtes amènent les allemands à prévoir trois lignes de défense : des blockhaus sur la côte, de l’artillerie mobile en retrait, et enfin à une trentaine de kilomètres une ligne qui ne sera jamais achevée consistant notamment en la plantation de pieux, distants d’une vingtaine de mètres, d’abord de 4 mètres de long et 30 cm de diamètre à enfoncer dans le sol à une profondeur de 1 mètre ; en raison des pénuries la longueur sera ramenée à 3,5 mètres, puis 2,2 et enfin 1,5 mètre et un diamètre de 20 cm. Ces piquets destinés à gêner les paruchutages, mais surtout les atterrissages (sans compter la gêne pour les travaux des champs !) étaient surnommés les « asperges de Rommel ». Saint Aubin et Saint Jean de Beugné ont été concernés en 1943 et 1944. Les jeunes gens à partir de 16 ans jusqu’aux anciens combattants de 14-18 étaient requis une semaine sur deux, par groupe de 4 ou 5 équipes de 2 sous la surveillance d’un soldat, soit pour couper le bois dans les forêts de Ste Hermine ou de Ste Gemme, soit pour les planter dans la plaine en direction de Luçon.
Puis en août 1944 ( débarquements de Normandie et de Provence , libération de Paris) c’est le repli précipité des soldats stationnés, souvent vers La Rochelle ; quelques-uns n’hésitent pas à s’emparer des bicyclettes qu’ils trouvent.
En 1945 c’est le retour des prisonniers.
Paul DAVID
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